Virgin Territory Live: Paris-Art.com
paris-art.com, 23 May 2017
Virgin Territory, Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis 2017
Dans le cadre des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis 2017, Mains d’Oeuvres présente Virgin Territory du Vincent Dance Theatre, un spectacle portant un regard critique sur le monde virtuel dans lequel sont immergés enfants et adolescents.
Virgin Territory
Pièce pour huit danseurs créée en 2015, Virgin Territory prend pour thème l’écart entre réalité et virtualité, entre le monde numérique et la vie réelle, entretenu par l’usage régulier et intensif d’internet et des réseaux sociaux. Si une telle utilisation concerne désormais un nombre croissant d’individus, enfants et adolescents se trouvent particulièrement exposés à des flux d’images dont les contenus sont livrés sans retenue et facilement accessibles.
Virgin Territory s’attache plus particulièrement aux représentations sexuées du corps pour en souligner à la fois la surabondance et les usages outranciers, ainsi que leurs conséquences dévastatrices sur les plus jeunes utilisateurs d’internet. Si une telle proposition critique répond indéniablement à toute une littérature abordant déjà ce sujet, la pièce de Charlotte Vincent semble toutefois l’une des rares à adopter une cette démarche, et prolonge en quelque sorte le travail entrepris dans Motherland en 2013, spectacle dans lequel une jeune fille observait la «politique des genres» mise en œuvre par les adultes.
Virgin Territory : le panoptique digital
La scénographie de Virgin Territory plonge d’emblée les spectateurs dans ce monde virtuel dans lequel, suggère immédiatement Charlotte Vincent, aucune distinction, fut-elle élémentaire, ne vaut. Les spectateurs sont en effet installés tout autour d’une scène recouverte de fausse pelouse, susceptibles par là même d’être submergés par le spectacle offert. Dès l’apparition du premier danseur adulte, s’ouvre irrémédiablement l’univers de la «culture visuelle» et de l’absolue visibilité dans lequel tout se voit et est donné à voir, jusqu’aux détails intimes des existences individuelles.
Sur scène, métaphores visuelles et physiques se succèdent. Métaphore de chiens prédateurs aboyant et se battant imités par des danseurs ; métaphore du stéréotype de la «poupée sexy», d’abord interprétée par une danseuse adulte, puis par ses doubles enfantins. Posant avec lenteur et adoptant des postures mécaniques, les interprètes font alors figure de simples objets exposés aux regards et à la convoitise de tous. Les spectateurs sont dès lors confrontés aux mouvements et aux apparitions de personnages en proie à la représentation de soi. Tel ce jeune garçon vêtu d’une chemise pleine de ballons s’efforçant de faire saillir ses muscles comme un bodybuilder, qui tend à rendre toute distinction entre jeu d’enfant et obsession d’adulte. Ou encore ces danseuses, incarnations d’actrices pornographiques aux caractéristiques physiques démesurées. Et cette parade grotesque laisse apparaître adultes et enfants sur un même plan, ne cessant de se filmer et se photographier. Virgin Territory suggère alors la confusion de la perversion et de l’adolescence.
On the occasion of the 2017 edition of Rencontres chorégraphiques internationales in Seine-Saint-Denis, the Vincent Dance Theater directed by Charlotte Vincent presents Virgin Territory , a show that looks at the virtual world in which, naturally, teens.
Virgin Territory
A piece for eight dancers created in 2015, Virgin Territory focuses on the gap between reality and virtuality, between the digital world and real life, sustained by the regular and intensive use of the Internet and social networks. If such use now involves an increasing number of individuals, children and adolescents are particularly exposed to image flows whose contents are delivered without restraint and easily accessible.
Virgin Territory focuses on sexual representations of the body to highlight both superabundance and extreme uses, as well as their devastating consequences for younger Internet users. If such a critical proposal undeniably answers a whole literature already addressing this subject, Charlotte Vincent’s play seems one of the few to adopt this approach, and in a way prolongs the work undertaken in Motherland in 2013, a spectacle in which A young girl observed the “gender policy” implemented by adults.
Virgin Territory : the digital panoptic
The scenography of Virgin Territory immediately plunges the spectators into this virtual world in which, immediately suggests Charlotte Vincent, no distinction, however elementary, is worth. The spectators are set up all around a scene covered with false lawn, likely to be overwhelmed by the spectacle offered. As soon as the first adult dancer appears, the universe of “visual culture” and the absolute visibility in which everything is seen and seen, to the intimate details of individual existences, is irretrievably open.
On stage, visual and physical metaphors follow one another. Metaphor of predatory dogs barking and fighting imitated by dancers; Metaphor of the stereotype of the “sexy doll”, first interpreted by an adult dancer, then by her double children. Laying slowly and adopting mechanical postures, the performers then appear as simple objects exposed to the looks and the lust of all. The spectators are then confronted with the movements and the appearances of personages prey to the representation of self. Like a young boy dressed in a shirt full of balloons trying to protrude his muscles like a bodybuilder, which tends to make any distinction between child’s play and adult obsession. Or these dancers, incarnations of pornographic actresses with excessive physical characteristics. And this grotesque parade reveals adults and children on the same plane, never ceasing to film and photograph. Virgin Territory then suggests the confusion of perversion and adolescence.